Manifeste pour la petite ronde, une danse à taille humaine

Vous aussi, vous en avez marre des petits ronds qui démarrent bien mais qui se transforment vite en grosses patates molles à 340 personnes, où on ne ressent plus rien, si ce n’est la tentation de rejoindre l’inénarrable et inéluctable petit rond de spécialistes autoproclamés ou amateurs d’entre-soi qui va se former au milieu? Vous aussi, vous voulez conserver une taille humaine aux rondes pour que circule l’énergie entre les gens, que tout ne soit pas coupé et dilué par le nombre?

Alors rejoignez le mouvement des opposants à la patate molle, plus judicieusement rebaptisé « collectif petites rondes »! Faites acte de militantisme, osez recomposer des petites rondes de 12 à 16-20 personnes maxi, encouragez à changer les habitudes , quitte à admettre les ronds concentriques pour optimiser l’espace. Camarade branleur 1, rejoins la lutte pour la réhabilitation des rondes à taille humaine, ensemble résistons à l’écrasement des énergies par le nombre!

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Concrètement : il ne s’agit pas d’un point de vue idéologique, mais très pragmatique. On critique assez ici les ayatollahs du parquet pour ne pas s’y coller. Donc soyons clairs, là. On ne parle pas de respect de la tradition ou de « comment il faut faire », mais bien du plaisir à prendre. Et, comme c’est souvent le cas en pareille situation, on ne peut guère réaliser le différentiel de plaisir à gagner dans cette histoire tant qu’on ne l’a pas expérimenté.

Voir comment, dans une petite ronde, l’énergie circule entre les gens, comment on compose ensemble une connexion (qui fonctionne ou pas du tout, pour le coup… on n’échappe pas à tous les aléas de la danse collective, et tant mieux), au plus près du groove corporel des danseurs avec qui on emmène le truc, c’est incomparable au ressenti dilué d’une ronde ou chaine informe. Bien sûr, toutes les danses ne se prêtent pas de manière égale à ce dispositif, mais le gain, même inégal d’une danse à l’autre, reste là dans tous les cas. Essayez, vous verrez. Plusieurs fois.

Ensuite, si jamais vous êtes convaincus, défendez le truc. N’ayez peur ni de paraître snobs et élitistes ni de sembler associaux ou sectaires, faites ça avec le sourire, encouragez les gens qui déboulent et tendent à dilater dangereusement le cercle à aller en composer un ou bien faites le dès que vous sentez que le point de rupture est atteint dans le ressenti. Avec le sourire et une hospitalité manifeste à l’égard de qui compose la ronde, adoubé ou pas, débutant ou pas, ça passera. Et ce sera modélisant, ça peut faire école. Et peu à peu ça paraîtra moins incongru de fonctionner comme ça un peu partout dans l’espace de danse. Donc on a tous à y gagner. Au boulot.

  1. Le branle étant, rappelons le immédiatement aux ligues de vertu qui, nous n’en doutons pas, scrutent attentivement chacune de nos parutions, le branle étant, disions-nous, le terme générique désignant les danses collectives en chaine ouverte ou fermée, marquées généralement par un déplacement vers la gauche.