On était à Rennes pour le 10e Fest’n’Breizh, le 14 mars 2018!

Le fest-noz étudiant est une forme de tradition à Rennes, et ce, depuis pas loin de 40 ou 50 ans pour certains. Pour autant, ces événements ont tendance à s’essouffler ou franchement péricliter depuis plusieurs années. Interruption (momentanée ou pas), programmations et salles moins grandes, le phénomène se cherche un nouveau souffle. C’est pourtant un type de fest-noz qu’il faut soutenir, notamment à un moment où on cherche à sensibiliser les publics jeunes aux richesses du bal trad, parce qu’il s’agit de jeunes qui montent un événement pour les jeunes (et les autres, evel just). Alors quand une belle initiative comme Fest’n’Breizh fête ses 10 ans avec goût et brio, on ne peut que s’en féliciter et faire le déplacement.

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C’est gratuit, en plus. Et en semaine, car une des spécificités du fest-noz étudiant est de se mouler dans le rythme de vie de ces gens là, et donc de convier à faire la fête dès le jeudi soir. Bon, là en l’occurrence c’est le mercredi, mais y a pas de mal à anticiper. Et si vous n’êtes pas étudiant, ça ne change de toute façon pas grand-chose : demain matin, ça va piquer un peu. Fest’n’Breizh doit évidemment sa gratuité aux subventions que le collectif sait solliciter par son projet cohérent et qui a su, au fil des années, faire ses preuves. Il a aussi comme spécificité d’être l’oeuvre conjointe de trois associations, ce qui mérite là aussi d’être valorisé. L’identité de sa soirée tient d’une part au choix des groupes, invités parce qu’on sent en eux un potentiel d’attraction envers le public étudiant qui ne connaît pas les musiques traditionnelles, parce qu’il développe des esthétiques empruntant à des registres plus médiatisés, notamment les cultures urbaines ou les musiques du monde. Il y a aussi la volonté de ne pas faire qu’un fest-noz qui soit une succession de groupes à danser, d’y mettre un petit plus : jadis du V-Jing, créations pour la soirée, peinture en live avec le peintre-performer Vincent Fonf, jeux bretons dans un espace proche de la salle…

Et puis, toujours, pour compléter l’ouverture et l’invitation à entrer dans la ronde par une démonstration de l’accessibilité de la danse bretonne, la soirée débute par une initiation menée par le club de danse de l’ASCREB, une des associations organisatrices. Les années précédentes, il y avait même un système « SOS danseurs » avec des danseurs ressources disponibles pendant la soirée pour accompagner les débutants désireux d’une aide.

Depuis quelques années, cette première phase passe le relais à la scène par l’intermédiaire d’une autre collaboration, avec le Pont Supérieur et ses étudiants cette fois. Là, de jeunes musiciens passent un de leurs examens en jouant en situation de bal, et cette année encore le moins que l’on puisse dire, c’est que la qualité était au rendez-vous, avec des prestations qui n’avaient rien à envier aux formations qui ont suivi.

On a ensuite pu découvrir la « création » de cette édition, en l’occurrence l’invitation faite par le groupe Kiñkoñs au percussionniste et beat-boxer Ilyas Khan. Une belle réussite, avec une formation qui mûrit et gagne en cohésion et en pertinence, et une intégration impeccable des tablas au service du répertoire et de la danse.

Le reste était tout aussi attractif, avec les joyeux sauvages de Sérot/Janvier et la Groove Compagnie à bousculer au plus près dans la ronde, puis Beat Bouet Trio et la première du Faya Bal. On regrettera le peu de place fait aux sonneurs, qui ont attendu gentiment jusqu’à minuit et demi pour jouer… un quart d’heure. Et puis, tant qu’à donner dans les réserves, on regrette (sans incriminer personne, puisqu’on n’y peut pas grand-chose) décidément les années où Fest’n’Breizh avait lieu à la Salle de la Cité, nettement plus conviviale et agréable que les lumières froides et les espaces sans vie de l’Etage.

Reste que ce dixième anniversaire marque une belle vitalité pour une initiative en phase de pérennisation, à une période où fonctionner sur base associative d’une part et subventionnée d’autre part n’est pas la moindre des gageures. Bon anniversaire à Fest’n’Breizh, donc, et à la joyeuse bande qui l’anime. Le public, danseur ou pas, était au rendez-vous, et tout ça cohabitait dans un joli bordel. Comme quoi, même en ce moment, il y a moyen… Bravo !

Crédit photos : Bernard Cambray