On était au bal sauvage à Rennes, le 12 octobre 2017!

On prendra peut-être un de ces jours le temps de vous parler de la Compagnie La Part des Anches, de leur beau projet multiforme autour des « hautbois populaires et poétiques sociales », mais là on va juste prendre celui d’un instantané savoureux dont les musiciens de ce collectif sont à l’initiative. Dans le cadre de l’événement « Gueules d’anches » qui se déployait toute la première quinzaine d’octobre, principalement à Rennes et Cesson-Sévigné, avait en effet lieu un « bal sauvage » place de la République, à 19h.

Mené par le fabuleux quintet Sérot/Janvier et la Groove Compagnie, épaulé par sonneurs de couple ou en solo, ce moment de danse a réuni un nombre important de danseurs, sans doute davantage que n’en ont jamais rassemblé les festoù-deiz sauvages survenant parfois, ici et là, dans cette ville. Un public d’amateurs avertis, mais pas seulement, et c’est là que le dispositif prend tout son sens. On se retrouve enfin à nouveau au coeur de la ville, donc des gens, sans leur demander ni imposer quoi que ce soit. Deux heures durant, à la tombée de la nuit, il y a eu de la musique qui groove, des gens qui dansent, qui sourient et qui ne sont pas dans l’entre soi d’une salle des fêtes éclairée au néon. Dans la belle lumière du soir arrivant, les passants, bien sûr, regardaient et écoutaient, le sourire en coin ou franchement épanoui sur le visage, filmaient avec leurs téléphones, mais bon sang, il y en a aussi eu un certain nombre à venir s’essayer dans la ronde, la chaîne ou la quadrette, voire en couple. C’était vivant, un peu bordélique, convivial et éphémère. Comme ça devrait être plus souvent, donc. L’occasion pour le passant de se dire que, finalement, ça a l’air sympa et que tout le monde y a peut-être sa place pour peu qu’il ait envie de la prendre, dans ce genre de moments. Ou pas, et c’est pas grave.

Le jour tombait progressivement dans ce grand lieu de passage et d’effervescence, et on se dit que deux heures c’est pas de trop, ça a même un goût de trop peu. Et qu’il faudrait réitérer, même si l’hiver arrive. Avec les mêmes, ou d’autres. Mais continuer à sortir cette culture à partager au grand jour, à la proposer, à la vivre avec le plaisir manifeste et simple qu’elle génère volontiers. Réinvestir l’espace public pour se rappeler que ce n’est pas seulement un lieu de passage entre deux espaces marchands, professionnels ou intimes, mais qu’il y a là un endroit où vivre, un espace commun où se retrouver… même pas longtemps.