Le festival de Bouche à Oreille, à Parthenay

Avec cette nouvelle rubrique « le goût des autres », on a profité des vacances pour vous emmener loin de la Bretagne et ses festoù-noz (à touristes, en l’occurrence), à la rencontre de quelques beaux événements autour des musiques traditionnelles à danser. Pour ce premier article, on ne part pas si loin, puisqu’on va chez les voisins Poitevins, à Parthenay, pour une petite merveille de festival qui, s’il s’appelle de Bouche à Oreille, n’en oublie pas les pieds pour autant.

Un festival populaire et ouvert

Depuis un peu plus de 30 ans, porté notamment par l’UPCP-Métive, le festival de Bouche à Oreille se propose, à la fin du mois de juillet, de faire découvrir et partager toute la richesse des propositions culturelles issues ou inspirées de la matière « traditionnelle » et de l’oralité. Ainsi, pendant 4 ou 5 jours, se déploie chaque été une belle programmation de concerts, de bals, de pièces de théâtre, de conférences, de spectacles jeune public, de stages ou encore de moments plus insolites ou hors cadre.

Cette programmation célèbre bien sûr la culture poitevine, mais aussi celle d’autres régions de France (et la Bretagne n’est généralement pas en reste) ou d’ailleurs dans le monde. On y retrouve des grands noms comme de jeunes pousses, avec un souci d’exigence et de qualité mais aussi une volonté constante de garder un caractère accessible à tout ça. D’ailleurs, beaucoup de choses sont gratuites, ce qui permet à un public très divers (amateurs de musiques et danses trad, vacanciers ou locaux néophytes) de fréquenter des lieux et des moments de partage dans un cadre particulièrement agréable.

Un cadre idéalement humain, au bord de l’eau

En effet, le site principal du festival se déploie autour des berges du Thouet, en bordure du quartier médiéval de Parthenay, dans une ambiance conviviale et décontractée, dans un cadre chaleureux et propice au partage.

De l’amphithéâtre de plein air au parquet sous les arbres à lampions, en passant par la guinguette et les transats au bord de l’eau, on peut se poser, boire un coup ou manger un bout, écouter ou danser, rencontrer, assister à des bœufs impromptus où se mêlent à la bonne franquette amateurs passionnés et musiciens à gros calibre, programmés dans le festival ou pas. Nombre de bénévoles sont d’ailleurs musiciens ou danseurs, et il n’est pas rare de les voir d’un côté ou de l’autre du bar, de la scène ou du parquet. Les gens ont le sourire, prennent le temps et sont là pour partager cette culture populaire avec simplicité et générosité, le plus souvent. Et côté foule, ça reste endurable, hein, on est vraiment loin du festival interceltique…

Et la danse, dans tout ça ?

Pour ce qui est de la partie bal, ça commence dès le début d’après-midi, ça se poursuit parfois à l’apéro (certains apéro-concerts sont aussi à danser), puis, après les concerts du soir au palais des congrès, on finit la soirée avec le bal nocturne.

Côté répertoire, dépaysement oblige, on est évidemment dans un écosystème assez différent du fest-noz. Il va falloir s’habituer à danser beaucoup de scottiches, de mazurkas et de valses, et aussi de la bourrée sous toutes ses formes (notamment les marchoises poitevines). Selon les groupes invités, on goûtera davantage au centre France, au Limousin, au sud ouest… Mais encore une fois, il y a souvent du breton dans la programmation, donc pas de panique, et puis bon, il y a de l’avant-deux et là…. Quel plaisir de trouver ici une vraie culture de ce type de répertoire, de partager les quadrettes avec des danseurs non formatés, des gens qui ont compris qu’on peut s’approprier un cadre sans le trahir. Ah c’est sûr, ça change du concours d’avant-deux de Monterfil…

Et puis bon, pour les allergiques au mot « folk », attention, il faut qu’on se comprenne bien. On parle bien ici davantage de trad que de folk, à savoir qu’il ne s’agit pas d’un pénible royaume de la gestuelle globalisée, du métissage hors sol et du chamallow tantrique. Ici, du côté des musiciens comme des danseurs, il y a de l’ancrage. On cultive l’identité propre à chaque répertoire, et ça se sent sur le parquet.

En 2018, on s’y retrouve à la buvette du bastringue ?

On pourrait vous parler des tarifs très acceptables d’une restauration variée et savoureuse, du travail fait toute l’année par l’UPCP-Métive (résidences, accompagnement d’artistes, contacts avec les scènes de musique actuelle), du serdo, des artistes programmés là qu’on découvre ensuite programmés au festival Fisel par exemple, de l’esprit d’ouverture et de partage qui préside à tout ça, mais on va se contenter de vous convier à juste venir l’an prochain. En bas de cet article, des liens vers des compte-rendus des trois années précédentes, où vous retrouverez probablement des têtes connues ici ou ailleurs, et aussi vers le site du festival lui même.

Pour chaque article de cette rubrique, on se promet aussi de communiquer ici, le moment venu, sur la programmation de l’année prochaine. En 2018, essayez le Poitou, vous risquez juste d’avoir très envie de revenir les années suivantes, vous voilà prévenus.

Un aperçu des éditions précédentes sur le site TousLesFestivals (l’auteur décline toute responsabilité pour les titres guimauve) :

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