On était à la ramaougerie d’pommé, à Chauvigné le 8 décembre 2017

Un beau lieu, la ferme auberge de la « Maison neuve » à Chauvigné. Un beau prétexte, une ramaougerie de pommé, qui plus est « bio » (un des rares, si ce n’est le seul à l’heure actuelle.) Deux associations locales, « Mil Goul » (qui bien que jeune n’en est pas à son coup d’essai et commence à être rodée à l’organisation d’événements conviviaux), et la Granjagoul (qui depuis de nombreuses années œuvre pour défendre l’expression de la culture populaire en milieu rural). Alors, quand tous ces gens là se mettent d’accord pour organiser un bal et lancent un appel aux musiciens, je peux vous dire que le réseau des « sonnous » à vite bourdonné et que les connaisseurs n’ont pas hésité longtemps avant de répondre présent.

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Le principe était simple : scène ouverte, et il n’a pas fallu longtemps pour que la liste des heureux élus soit complète ! Et pour les plus motivés et courageux, la soirée pouvait se poursuivre auprès des bénévoles qui se sont relayés toute la nuit pour ramaouger, histoire de leur faire passer ce long moment en heureuse et musicale compagnie.

Prenez une salle superbe, ancien bâtiment magnifiquement restauré, belle et haute charpente, éclairages tamisés.

Sur scène faites se croiser près de trois générations de musiciens dont beaucoup ont activement collecté leurs airs auprès des porteurs de tradition.

Quelques vieux briscards donc, sexagénaires fringants pour qui le plaisir de « m’ner l’draw » vaut tous les élixirs de jeunesse, musiciens « routiniers » dans toute la beauté du terme.

Quelques quinquas et quadras qui, passé le coup de feu d’une jeunesse sans doute turbulente, continuent à manier l’art de sérieusement amuser l’monde.

Et même un trio improvisé par deux encore étudiants, vrais furieux de l’accordéon bi-sonore, accompagnés d’un percutant cajon…trad’ mais éclectique, voire cosmopolite…si, si, c’est possible !

L’accordéon diatonique à résonné donc, comme une évidence dans cette partie de la Haute-Bretagne, ainsi que les clarinettes, le tout parfois soutenu au rythme d’un jâze.

Du violon, de la voix et encore de l’harmonica, on à même poussé la tolérance jusqu’à autoriser un solo veuze !

Entre tout ça, de vigoureux chants dans la ronde, aux enchaînements parfois surprenants… il faut avoir entendu un rond de Saint-Vincent de fort belle tenue se poursuivre sur les paroles de « la danse des canards » pour se dire qu’on est à l’abri de rien, surtout pas de francs éclats de rires !

Avec tous ces ingrédients, vous obtenez un vrai « bal », ancré par de belles racines et pourtant bien d’aujourd’hui, sobre dans ses manières de proposer une musique efficace mais non dénuée de finesse sous des abords de simplicité, voire de rusticité… et qui offre ce qu’elle a de meilleur, à savoir une énergie, un plaisir à être ensemble et surtout, surtout, un espace de liberté pour les danseurs !

Car le mot le plus entendu de la part des sonnous alors qu’il proposaient une danse à été : « Vous ne savez pas danser ? C’est pas compliqué, y’a qu’à r’garder et faire com’ ceux qui savent ! »

Quel contraste flagrant entre cette ambiance de « Bal d’ici et maintenant », totalement décomplexé, avec une proposition musicale pas à la mode, donc par définition indémodable et le commun des « Fest-Noz » sous néons blafards, avec danseurs sérieux voir castrateurs, sous les décibels hurlants d’une musique « Bretonne » aux arrangements « modernes »…

Les danseurs, les danseurs, les « habitués » des fest-Noz, parlons en…

L’absence de tête d’affiche mainstream et sans doute la crainte d’un choc esthétique et culturel fort leur à fait préférer rester au chaud pour la plupart… c’est couillon, y’ a pourtant un gros vivier aux environs, faudrait voir à être un poil plus curieux… en plus, c’était gratuit, alors…

Tant mieux, nous n’étions pas très nombreux sur la piste mais en si bonne compagnie !

Car oui, ceux qui ont répondu présent et bravé les intempéries n’ont pas boudé leur plaisir et ont su se montrer ouverts pour accueillir les audacieux débutants.

Car, en plus du public connaisseur, était présent un bon nombre de personnes venues simplement pour le plaisir d’un moment en famille, il faut dire que le bar qui accueillait les participants était bien tenu, bière locale à l’appui, et que le classique trio galette/saucisse/frites était goûtu à souhait.

Au fil de la soirée, tout ce petit monde s’est posé autour des tables disposées en fond de salle pour profiter d’un moment de convivialité dans une ambiance qui à semblé leur plaire. En effet, même sagement assis, ils sont nombreux à être restés jusqu’au bout du bal, adressant aux musiciens sourires et applaudissements, preuve s’il en est que la musique qui leur était offerte et l’ambiance ont plus que suffi à leur plaisir.

 

Il faudrait vous raconter enfin les airs, les chants à écouter ou à danser qui ont ensuite égaillé la nuit des ramaougoux… ceux qui y étaient ne regrettent pas leur dette de sommeil, largement compensée par les beaux moments de partage, d’écoute recueillie ou de réponses vigoureuses suivant les circonstances, entrecoupés d’éclats de rires…

Belle réussite que ce premier bal du pommé de Chauvigné, bravo à tous ceux qui se sont investis dans l’organisation.

Ceux qui y étaient sont repartis heureux, tout simplement.

À refaire et à revivre, im-pé-ra-ti-ve-ment !

Et pour les absents, peut-être leurs oreilles vont-elles se mettre à bourdonner, on va se charger du « bouche à oreille », genre de « buzz » à l’ancienne !

Crédits photo : la Granjagoul