On était à la rentrée du fest-noz qui tache!

Comme on n’est pas là, ici, que pour montrer des initiatives intéressantes quand elles se lancent pour ensuite ne pas suivre ce qu’il en advient, et que décidément cette histoire de fest-noz qui tache a l’air de rencontrer un écho prometteur, on en remet une couche de sueur et de bonne humeur en retournant dans la fournaise bordélique du Ty Anna, à Rennes.

Ce quatrième épisode marque ainsi la rentrée d’un événement dont les organisateurs entendent faire un rendez-vous régulier, et pas simplement un coup d’un soir (ou d’une saison étudiante). Placé sous le signe de l’accordéon pour se situer dans le cadre du festival du Grand Soufflet (en l’occurrence, du petit Soufflet, pour ceux qui suivent…), ce fest-noz qui tache de fin septembre maintient les fondamentaux de l’exercice, à savoir du bon trad franc du collier, emmené avec envie et style, dans un lieu de convivialité ouvert, bien que de volume réduit (un bar, quoi).

Force est de constater que le public est au rendez-vous ; le concept a le vent en poupe et séduit de plus en plus de monde. Bien sûr, il y a tout le micro sérail du trad rennais, mais pas que, et on ne se sent pas enfermé dans l’entre soi. Étudiants étrangers patouillant leur premier an dro, spécialistes auto-proclamés montrant volontiers l’exemple (bon ou pas), amateurs avertis ou néophytes partageant tout ça avec le sourire et dans une ambiance surchauffée qui rend une fois de plus toutes les photos floues et les corps ruisselants .

Côté répertoire, la formule « un duo, un passage court et on change » fait ce soir la part belle aux contredanses, avec notamment Neveu/Banwarth, Le Doujet /Hauchecorne (Terti Tertan) et les frères Bazouges (toujours trop rares). Les autres répertoires, notamment de Basse Bretagne, n’étaient pas pour autant oubliés avec Bron/Morvan, Piel/Lemoine, Derrien/Pungier, L’Haridon/Le Cam et un final survolté mené par les excellents Messager/ Le Gallic. Bien sûr, honnêtement on n’aura pas profité de tout, on était aussi là pour boire des bières, parler fort et faire la bise aux innombrables têtes connues venues marauder place Saint-Anne ce soir là.

En tout cas, une bonne soirée en centre ville un jeudi soir, qui montre que quand c’est simple et bien pensé, décidément le « trad qui tache » a une force d’attraction et une capacité à procurer du plaisir qu’on aurait tort de négliger. Non, il n’y a pas que le reggae, le funk et la techno ethnique ou le rock celtique à pouvoir attirer le monde. Le fest-noz qui tache trace son sillon, met sa pierre à l’édifice rennais, et ce ne serait pas étonnant ni dommage qu’il fasse des petits, ici ou ailleurs.