Raphaël Chevalier

Soyons clairs, IciBal! n’a pas vocation à accueillir une rubrique nécrologique. Et puis, le plus souvent, d’autres que nous seront plus à même de rendre un hommage approprié aux gens qui disparaissent. Mais là, bon. On se sent touché, on dit un truc. On ferme trop souvent sa gueule dans ces moments là, sous le prétexte par ailleurs très légitime que c’est assez vain, qu’il n’y a pas grand chose à dire. Mais là, bon.

Alors voilà. Le violoniste Raphaël Chevalier nous a quittés en début de semaine, terrassé par un cancer foudroyant. Je ne le connaissais pas personnellement. Mais c’est quelqu’un qui a accompagné de façon récurrente ces 20 dernières années en musique. D’abord dans les pubs irlandais du Rennes d’il y a 20 ans, au McCartan’s ou ailleurs, en duo violon/guitare chant avec Anthony. Quelques années plus tard avec Da Silva sur des scènes énormes comme celle du festival des Terre-Neuvas, à Bobital. Et dans tellement d’autres projets, avec le même goût d’aller dans des domaines nouveaux, d’étendre la palette, et chaque fois de servir la musicalité de l’ensemble. Récemment, on pouvait notamment le voir et l’entendre (pour ce qui concerne le bal trad) dans des formations aussi différentes que les fantastiques et ébouriffants Bivoac, la grosse machine de Titom ou le radieux duo trad haut-breton composé avec Jean-Luc Revault. Avec chaque fois le même plaisir à jouer, à partager. Sans en faire de trop. Juste, ça se voyait que ce gars là était là pour de bonnes raisons, par plaisir à prendre, pour soi et ensemble. Le pétillement des yeux, le sourire en coin, la gestuelle entre retenue et joie palpable d’un musicien absolument pas poseur mais plein d’envie, et content d’être là. On en sera désormais privés, tous autant qu’on est.

On ne va pas se mentir, il y a des gens qui laissent des trous plus grands que d’autres, qu’on regrettera plus sincèrement en tout cas. Raphaël Chevalier va manquer, on est beaucoup à en être conscients. La tristesse, renforcée par la brutalité avec laquelle il a été emporté, sera là. On pense à ses proches, on pense à ses camarades musiciens. Et on dit merci, aussi.

(photo: Eric Legret)