Jean-Michel Guilcher (1914-2017)

Il a fini par partir. Jean-Michel Guilcher, figure déterminante et indépassée de la recherche sur la danse traditionnelle. En basse Bretagne et pas que. Vous lirez de beaux compte-rendus de son parcours, de son apport, de son travail, bientôt, ailleurs, partout, n’ayez crainte. Nous, on n’est pas là pour ça.

On va surtout vous dire merci, M. Guilcher. Mais on va d’abord se faire un devoir de s’en prendre à tous ceux qui, après avoir dressé des monuments à votre travail tout en piétinant sa pensée, ses conclusions, son intelligence, vont désormais s’employer à marcher sur votre mémoire et à récupérer votre stature à leur profit. Tous ces gens avec pignon sur rue qui ont célébré votre centenaire en enseignant quotidiennement le contraire de ce que vous avez montré, à la force d’un travail aussi rigoureux qu’impressionnant, il y a déjà plus de 50 ans. Il va y avoir de l’hommage au kilomètre, de la reconnaissance de façade (peut-être même sincère, un comble) et puis, ensuite, la continuité du travail de travestissement, d’altération, de falsification de cette matière traditionnelle, si loin de nous, dont vous vous étiez si sincèrement et authentiquement approché.

Mais, donc, malgré tout, avant tout, merci à vous. Les écrits restent, même s’ils ne sont pas lus, ou pas compris. Faire confiance aux intermédiaires avec manuel prêt à l’emploi ? Ou lire des travaux universitaires, une thèse ? Le combat est un tout petit peu inégal, il faut le reconnaître. Nous travaillerons, de notre côté, à replonger les mains dans la cambouis, à rendre aussi accessible que possible cette matière issue de la « tradition », pour contribuer à ce qu’elle demeure, au moins potentiellement, « populaire ».