C’est devenu une tradition, entre les réveillons, l’association Dans-Tro crée une occasion de faire la fête autour d’un couple de sonneurs ou de chanteurs qui célèbrent un anniversaire ou une sortie de disque.
Cette année, ce sont les chanteurs Jean-Pierre Quéré et Christophe le Menn qui offraient le prétexte aux danseurs et noceurs de converger vers la mythique salle des fêtes de Poullaouen en Finistère, la capitale du fest-noz moderne.
Nous y étions. On ne le regrette pas.
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La soirée était placée sous le signe de la moustache, attribut pileux ornant la lèvre supérieure des hommes de goût et dont Jean-Pierre Quéré et son frère Guy furent de fiers porteurs dans les festoù-noz de la fin du XXe siècle. Guy ayant arrêté de chanter, même si on verra que ce n’est pas tout à fait exact, Jean-Pierre envoie des gavottes avec d’autres compères, notamment depuis 15 ans avec Christophe Le Menn, connu aussi sous le nom de Krismenn. Voilà donc un anniversaire à célébrer dans la liesse, et quand on connaît un peu les deux célébrés, il y a assez peu de risque de s’ennuyer.
Ce 29 décembre 2018, dès 16 heures, nous fûmes nombreux à converger vers la petite salle des fêtes de Poullaouen, heureusement secondée par un chapiteau abritant une buvette annexe, puisque le vent avait eu la bonne idée, cette année, de n’être pas tempétueux. Fort heureusement car l’affluence a battu des records et l’ambiance fut tropicale, comme souvent à Poullaouen. Ça fait transpirer, mais ça dégage une énergie incroyable qui porte les danseurs et les sonneurs et chanteurs, donnant à entendre des prestations qui envoient du lourd, comme on dit chez les ex-jeunes. L’autre salle est en cours d’agrandissement et normalement la prochaine Nuit de la Gavotte devrait offrir plus d’espace aux danseurs, à moins que les danseurs décident d’y venir encore plus nombreux, parce que merde, ça fait du bien aussi la chaleur humaine ! Christophe et Jean-Pierre ont composé un plateau de qualité, avec les valeurs sûres qu’on retrouve souvent à Poullaouen (Ebrel-Le Buhé-Vassalo, Manglo, Youenn Bihan, Le Meur-Toutous, etc…) mais en ouvrant largement la scène à la relève ( Apolline Lili ha Jade, Boderiou-Salaun, Fustec-Le Cam). Ce qui a permis à Dans-Tro de faire mieux que Tintin Magazine, puisque le plateau allait de 8 à 88 ans, de Izan Hervieux qui chantait avec sa maman Nolùen Le Buhé à Marcel Guilloux qui répondait à Alan Rouz. Ce fut aussi l’occasion de retrouver sur scène des formations qui fleuraient bon le fest-noz centre-breton des années 80-90, comme les frères Dilasser. On a même pu entendre Guy Quéré répondre à son frère avec Christophe Le Menn et Alain Le Gall. Un peu de nostalgie n’a jamais tué personne. Joli clin d’oeil, en passant, de Marine Lavigne et Sterenn Diridollou qui entonnèrent un ton doubl emblématique des Frères Quéré, sous l’oeil réjoui et la moustache frémissante de Jean-Pierre.
Pendant que d’aucuns s’ébattaient joyeusement sur le parquet, d’autres en profitaient pour se faire tailler la moustache par la superbe et inénarrable Pouppette, coiffeuse et artiste de music-hall du Trégor, grande interprète de Dalida, ce qui n’est sûrement pas pour déplaire au président de l’association, Yann Le Boulanger. Au coin de la buvette de la salle, à laquelle nous reviendrons plus tard, une estrade surmontée d’un magnifique fauteuil de coiffeur, accueillait les messieurs qui voulaient arborer une moustache à la hauteur de l’évènement, sous les bons mots (et le coupe-chou), souvent crus comme on les aime en Centre-Bretagne, de Pouppette. Auparavant, c’est Le Menn himself qui s’y était collé, affublant femmes et enfants de moustaches postiches afin que chacun soit bien raccord.
Revenons donc, comme promis, à la buvette ou plus exactement aux buvettes, car il y en avait, comme à chaque fois que le temps le permet, deux. Une à l’intérieur et l’autre dans le chapiteau attenant à la salle, qui permettait de prendre un peu le frais pour les natures plus sensibles. J’apprécie particulièrement que la buvette de la salle n’ait pas été totalement abandonnée au profit de celle du chapiteau, tant il me semble que ce point névralgique participe à l’ambiance d’un bon fest-noz. Innovation en cette période de fête, la buvette servait un crémant de la Fruitière Vinicole d’Arbois, dont provenaient aussi les vins rouges et blancs, améliorant nettement la qualité des vins que l’on trouve généralement aux buvettes. Après l’amélioration de la qualité des bières servies, une nouvelle étape à généraliser pour les ceusses qui, pour des raisons diverses, sont plus fruits que grains ?
Au final, que retenir? Une fois de plus, l’Entre-deux-fest s’est imposé comme une des dates incontournables de l’année. Qu’après 30 ans d’existence, Dañs-Tro continue à savoir se renouveler pour ambiancer les nuits (et les journées) du Kreiz-Breizh. Et que j’espère bien vous y retrouver en 2019.
Quelques liens pour retrouver un peu de l’ambiance :
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