L’année dernière, à la faveur d’un week-end un peu désœuvré et d’un courriel pertinemment adressé par les parties prenantes, j’avais traîné mes guêtres et accessoirement mon fils dans un bourg dont le nom et la localisation m’étaient jusqu’alors totalement inconnus…
Mais savoir que le bal allait être mené par les sieurs Guichard, Guitton et Malaunay était pour moi une motivation suffisante pour aller me perdre dans un coin improbable. Je concède sans mal un à-priori plus que favorable quand à la qualité des sonneurs sus-nommés, qui en outre sont d’une compagnie et d’une camaraderie des plus agréables. Il y avait de fortes chances pour que ce bal ait de la tenue…ce qui fut le cas, avec le bémol d’une petite fréquentation, largement compensée par la qualité d’un public local, néophyte certes mais du coup totalement ouvert à la proposition et étonnamment impliqué dans l’échange avec les musiciens…
Donc un chouette de souvenir. Alors quand cette année j’ai oui mention du retour du festival « Du soleil en hiver » et de son bal, j’ai retenu la date.
C’est la deuxième année que David Guichard, violoneux local est en charge d’animer cette soirée et pour cette édition, outre son compère Matlao Ghiton était présent le duo formé par Manue Bouthillier et Cédric Malaunais.
L’instrument roi était donc le violon, en duo ou accompagné au choix d’un harmonica, d’un accordéon, l’ouverture d’esprit allant même jusqu’à assumer la présence d’une veuze… (j’adore cet instrument, rien que pour son nom qui met en échec les correcteurs orthographiques…)
Et puis du chant, omniprésent, soit dans les notes d’avant deux, les petites formulettes d’un passepied, au gré d’un gavottage, voire dans les rondes menées « à la goule »…
Ce qui me mène à vous parler de l’esthétique musicale de cette soirée.
Un mot : trad’
Un qualificatif : épuré.
Une attitude : Engagée.
Une ambiance : Heureuse, souriante, énergique.
Un détail qui n’est pas négligeable, les quatre sonnoux en présence sont tous fortement imprégnés par le travail de collectage, collectes qu’ils ont eux-même menées et dont on sent qu’ils sont totalement imprégnés, dans le beau sens du terme.
Alors…ça sonne ! Avec la manière, du goût, juste ce qu’il faut de recul voire d’ironie mais avec un vrai appétit, une belle gourmandise et une sacrée envie de partage, genre « écoute ça comme c’est bon ! »
Le tout servi par une sonorisation discrète et légère…le pied !
Même pas besoin de brailler à l’oreille de sa cavalière ou de son cavalier pour lui glisser un mot doux pendant une danse…
La danse tiens, parlons en… un bal, rien que le nom et si vous traînez par ici, ça doit vous causer et de Haute-Bretagne, vous me suivez ?
Alors des rondes, certes mais aussi beaucoup de quadrilles et une bonne part de danses « en couple », le tout servi par une façon simple et évidente d’inviter le public, à grand coup de « c’est pas compliqué, y’a qu’à fair com’ les siens qui savent ! ».
Public qui avait répondu en nombre dès le début de la soirée, ce qui à fait sacrément chaud au cœur des organisateurs et des musiciens .
Et ce qu’il y a de vraiment chouette, ce qui à mon sens fait une grande part de la réussite de cet événement, c’est la présence nombreuse de gens du coin, dont on sent pour beaucoup qu’ils sont néophytes mais qui ont une vraie envie de se lancer.
Une belle ouverture à la découverte, une certaine forme « d’innocence », une vraie curiosité font que l’implication, la qualité d’écoute et le retour d’énergie en est presque déroutant pour les meneurs.
Le contraste avec un certain public de « connaisseurs » un peu blasés est flagrant !
Cela dit, depuis l’édition précédente le bouche à oreille avait dû un peu fonctionner dans le milieu des habitués car on a vu débarquer un bon nombre de dansous « confirmés » qui ont su passer outre l’absence d’appellation contrôlée « Fest-Noz » et autre grosse « tête d’affiche »…comme quoi, il faut continuer à labourer et semer, il en sort toujours un petit quelque chose.
J’ai parlé de « retour d’énergie » et la démonstration la plus marquante en a été faite à l’occasion des intermèdes assurés par tout un gang de jeunes femmes, style la bande des copines à Manue Bouthillier.
Gang de chantouses qui nous ont offert une belle variété de rondes menées généreusement « à la goule », de fort belle manière, avec un répertoire vraiment classe et à qui le public à généreusement répondu.
Je tire mon chapeau à ces dames qui ont su nous offrir de vrais beaux moments.
Alors si je résume, un festival porté par un association locale qui à la volonté d’offrir une proposition artistique variée et conviviale, une salle vraiment sympa, des musiciens impliqués, des airs qui sonnent et qui font gratter de la patte, un public présent et qui a du répondant…
C’était un chouette bal !
Et moi, j’y étais !
Et j’y retournerai…