Il y a des endroits, il y a des organisateurs, en confiance on sait que l’envie suscitée ne sera pas déçue. Poullaouen, dañs tro, tout est dit. Le rendez-vous de « l’entre-deux fest » est d’ores et déjà un classico du bal trad, bien au-delà du Kreiz-Breizh. Cette année encore, l’affiche était des plus alléchantes et le bon goût partagé au rendez-vous, avec quelques friandises pour le même prix.
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La fête commençait tôt (16h). Ne pas pouvoir débouler dans la petite salle des fêtes, haut lieu des traditions vivantes, c’était d’emblée lister (les ordres de passage avaient été annoncés vers 15h30 sur le net…) le nombre d’artistes qu’on allait louper. Parce qu’ici, le concept est simple : un passage par formation, un quart d’heure et au-revoir merci bien. Seuls les artistes mis à l’honneur par chaque édition ont le droit de déroger à la règle avec (wouhou…) deux passages d’un quart d’heure au lieu d’un, un dans l’après-midi, un dans la soirée. L’humilité et de la place pour tous, par l’exemple.
Cette année, c’étaient Christian et Sylvie Rivoalen qui étaient célébrés, présidant notamment à la programmation, invitant des gens qui comptent dans leur parcours, en amont et/ou en compagnonnage. Le frère et la soeur avaient, de fait, concocté avec l’asso dañs tro une affiche particulièrement fournie et sensationnelle. On renouait d’ailleurs comme souvent avec ce fonctionnement de passages uniques et très courts avec la frustration de moments de grâce qu’on aurait aimé voir durer un peu plus.
Multi-générationnel, ce fest-noz pouvait difficilement l’être davantage, au moins sur scène : des frères Morvan à Louise Ebrel ou Marcel Guilloux d’un côté au duo formé par Nolùen Le Buhé et son jeune fils, la palette était large. Le plus important étant de toute façon ailleurs, dans l’esprit d’une communauté d’un soir, qui vit sa tradition dans un esprit de simplicité et de partage qui ont force d’évidence. On notera aussi la belle ouverture en termes de répertoires, la soirée laissant une belle place au terroir vannetais par exemple, mais aussi à la Haute-Bretagne (avec notamment le duo Guitton/Clerivet et les joyeux gars de Manglo…).
Niveau danseurs, c’était autre chose. Des jeunes et des novices enthousiastes, certes, mais quand même pas mal de têtes chenues (et on s’en fout) et de danseurs estampillés « revival canal historique ». On sentait d’ailleurs (et ça peut aussi être considéré comme une bonne chose) que dès qu’on sortait un peu des danses ancrées dans la région proche (la famille des gavottes, pour faire court), ça bricolait sévère des pattes et des bras, et pas toujours dans le groove. Mais le danseur spécialisé n’est-il pas au plus proche de ce qu’était un danseur de tradition? Et puis, taquinerie mise à part, un contre-exemple immédiat: je n’étais pas là malheureusement à cette heure là, mais j’ai vu l’arbitrage vidéo, ça a dansé l’avant-deux à Poullaouen, et il y avait pas mal de quadrettes, et ça avait l’air de danser pas plus mal qu’ailleurs! Mais bon, ça reste dans les gavottes que le plaisir était le plus évident, tout de suite : des danseurs globalement à l’unisson, en harmonie (sans homogénéité stérile pour autant), bref des moments qui font du bien portés par des musicien(ne)s et chanteurs/chanteuses de haut vol. Une crème de soirée, on vous dit.
Pour ne rien gâter, il y avait de l’ambiance, comme de juste, à la buvette et autour, et les organisateurs avaient su montrer, une fois de plus, qu’on peut organiser un fest-noz trad et apporter du soin à la décoration, aux lumières sans néon agressif, et que tout ça contribue à composer une atmosphère accueillante et jolie. Merci, pour ça aussi.
Pour autant, et c’était peut-être une impression trompeuse, il nous a semblé qu’il y avait moins de monde que les années précédentes. C’était bien la première fois qu’on voyait la petite salle des fêtes sans sa tonnelle à l’extérieur (pas montée à cause du vent annoncé vigoureux dans la nuit, je crois) mais il y avait quand même pas mal de place, toute proportions gardées, pour danser et circuler dans la salle. Ce qui est loin d’être la règle à Poullaouen. Reste que ce fut une belle soirée, et qu’on ne saurait trop remercier, artistes, organisateurs et bénévoles (qui souvent cumulent plusieurs casquettes) pour avoir une fois de plus proposé tout ça. Vivement la fin de l’année, tiens.
Crédit photos : Eric Legret
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