Ce premier article, parce qu’il présente les fondamentaux du site, sera un peu long, désolé. Mais bon, une fois le cadre défini clairement, on pourra tranquillement passer à des choses concrètes. Personne ne vous oblige à le lire, après tout ; ceci dit, on ne pourra pas dire qu’on ne vous aura pas prévenu(e)…
Quel est le but de ce site ?
Œuvrer, modestement et sérieusement, à mettre en valeur ce qui se fait dans les bals bretons où sont pratiquées les danses traditionnelles, à montrer la vitalité de la scène musicale qui va avec, à donner la parole aux gens qui la font vivre, à explorer ce qui menace de la faire crever, à désenclaver, décloisonner ce qui, au lieu d’être un trésor collectif, demeure un secret bien gardé pour beaucoup de gens. Ce qui, au lieu d’être un élément de culture populaire, représente pour beaucoup (à tord ou à raison) un moment à la fois pour initiés et un peu ringard, peu ouvert et/ou accessible, bref moins « sexy » que les musiques dites « actuelles ».
On parlera donc majoritairement de fest-noz, c’est-à-dire de danse, de musique, mais aussi de coups à boire, d’échanges de fond, de coups de gueule, de blagues navrantes, bref de tout ce qui fait un écosystème humain convivial et mouvant.
Pourquoi faire ?
A l’origine du projet, aucun besoin particulier d’avoir son « site à soi », où professer pompeusement des avis définitifs sur le sujet. Simplement, il a semblé que ça pouvait répondre à un besoin, voire à un manque.
Soyons réalistes. Alors qu’il est porteur d’une vraie richesse (qui dépasse largement le cadre de la musique et de la danse), le fest-noz est pourtant un fait culturel qui, bien que semblant solidement établi dans le paysage social breton et par ailleurs désormais classé au PCIM, pourrait rapidement et facilement péricliter. Une vraie crise, qui n’est pas que cyclique, couve et compromet la perpétuation de cette richesse. Il ne faudrait pas grand-chose pour que tout ça disparaisse définitivement.
Ce site se veut donc une tentative (parmi d’autres) de fédérer une communauté contemporaine, d’ici et maintenant, de danseurs, musiciens, buveurs et squatteurs de chaise en bord de parquet, de montrer les enjeux, de partager des moments, d’échanger sur le fond comme sur la forme, bref de faire vivre tout ça de manière ouverte. Quitte à mettre les pieds dans quelques plats, des points sur des i, bref à ramener urgemment les choses à ce qu’elles devraient être davantage.
Pourquoi ne pas se contenter de ce qui existe déjà ?
Avec raison, Tamm-kreiz reste le point de convergence de la communauté fest-noz sur le net. Portail exigent, de qualité, ouvert, il est une référence pour beaucoup de monde et continue à consolider, diversifier, valoriser un contenu qui répond au mieux à la communauté qu’il a grandement contribué à fédérer. C’est d’ailleurs pour cela que plusieurs d’entre nous contribuent activement à TK (et, notamment, à son mag).
Tamm-Kreiz a vocation à fédérer tous les secteurs de la vie culturelle bretonne liée à la musique (musique, danse, organisation, mais aussi cercles celtiques, bagadoù) et ce, dans un contexte pas strictement lié au bal mais ouvert sur les concerts et spectacles, les stages, les championnats… De ce point de vue, notre cadre se restreint davantage, cantonné au champ populaire et participatif du bal.
Il s’agit aussi d’assumer une identité qui ne se voudra pas systématiquement consensuelle et d’occuper le terrain des idées et des pratiques, d’une manière qui nous sera propre, et de voir en quoi elle trouvera écho (ou non) parmi les lecteurs éventuels.
Notre conviction est que la diversité n’empêche pas la convergence et la complémentarité.
« Bal trad en Bretagne », pourquoi ne pas dire simplement fest-noz ?
Il ne s’agit pas de pinailler, mais la distinction a son importance.
Circonscrire le champ géographique à la Bretagne (sans exclusion, comme on le verra à l’usage) n’implique pas une crispation identitaire autour des danses « bretonnes » (ce qui impliquerait un débat sans fin sur ce qui est ou non breton). Dire que le cadre est celui du bal où se pratiquent des danses traditionnelles ouvre non seulement à d’autres occasions de pratiques que le simple fest-noz (fest-deiz, festivals ou concerts intégrant une partie bal, bals sauvages, etc.) mais aussi à d’autres traditions dansées que strictement bretonnes. Ainsi, on pourra parler des bourrées du Berry observées ou pratiquées à telle ou telle occasion, mais pas d’un spectacle de danse chorégraphiée en costume, bien qu’intégralement breton (et pas inintéressant en soi, juste hors sujet).
Enfin, le terme de bal, en soi, implique une dimension populaire et ouverte, un endroit de rencontre et de partage. L’idée du bal correspond bien au potentiel de vivre ensemble qui dépasse la simple pratique d’une danse que d’aucuns croiraient (ou voudraient) réserver à de supposés initiés…
Alors pour résumer, oui il va surtout s’agir de fest-noz, qui reste le cadre privilégié du bal trad en Bretagne, mais dans une vision sans œillères ou exclusive, intégrant des occasions de pratiques atypiques, voire émergentes, pour faire de ce cadre quelque chose de vivant et en évolution, une tradition vivante, vibrante, bouillonnante.
Que va-t-on y trouver, concrètement ?
IciBal! se veut un portail ouvert, dont la partie centrale (le magazine) n’est qu’un des composants. Vous trouverez ainsi, dans des secteurs qui ne demandent qu’à s’enrichir en fonction des contributions des uns et des autres (cf paragraphe suivant) :
– le site lui même en tant que magazine, avec différentes rubriques que vous découvrirez progressivement,
– le forum (avec son fonctionnement propre, un champ d’expression correspondant au cadre du site, et une modération à l’avenant)
– des ressources en ligne, documents, affichages, visuels et autres outils prêts à l’emploi à destination des organisateurs, des danseurs ou des musiciens.
IciBal !, une autocratie collaborative
IciBal ! est un projet issu de nombreuses discussions, réflexions avec suffisamment d’acteurs du fest-noz pour qu’il semble répondre à un besoin, et trouver un écho auprès d’autres gens. Pour autant, il revendique une liberté de ton et une identité non négociables qui impliquent d’assumer pleinement son contenu.
Concrètement, ça veut dire que je conçois ce site comme ouvert et même en besoin de collaborations, de contributions. Il s’agit surtout de ne pas se cantonner à un seul ressenti, un seul point de vue, et à mes seules limites de compétences ou d’intérêt. Chacun est donc invité à proposer des contributions à la vie du site et, au-delà, de la « communauté » du bal trad.
Pour autant, j’entends garder les clés de ce qui est publié ici. J’admets parfaitement l’idée de mettre en ligne des contributions dont je ne partage pas les postulats ou la façon de présenter les choses, mais dans une certain limite évidemment. Limite dans le type de sujets traités (on ne demanderait pas à un magazine sur les cerfs-volants en plastique recyclé de publier des recettes de tartes au chocolat) et dans les propos (je ne publierai pas un manifeste de défense de la vision unitaire de la danse, par exemple). Je prends donc en toute sérénité la responsabilité d’accepter ou de refuser ce qui me sera envoyé.
Allez, on y va ?
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